Sumo: le sport de lutte Japonais
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Au printemps 1854, le commodore Matthew C. Perry de la Marine des Etats-Unis parvint à signer un traité de commerce et d'amitié avec le shogunat du Japon, entrouvrant ainsi une porte sur un pays exotique jusque là demeuré résolument fermé au monde occidental, depuis deux siècles et demi d'isolement volontaire. Après la signature des concessions, un échange mutuel et raffiné de cadeaux eut lieu : la maison du traité dans le port de Yokohama fut emplie de délicates pièces de mobilier laqué, de soies et de riches broderies, de porcelaines, d'éventails et de boîtes à pipes.
Alors que le commodore s'apprêtait à repartir, les officiels japonais lui signalèrent qu'il restait encore un article destiné au Président des Etats-Unis qui n'avait pas encore été présenté, et ils le conduisirent sur la plage, où plusieurs centaines d'immenses sacs de riz étaient entassés, prêts à être chargés à bord des bateaux américains.
"Alors que je contemplais ces preuves concrètes de la générosité japonaise", note Francis L. Hawkes, chroniqueur officiel des expéditions de Perry, dans son rapport à destination du Congrès américain,
l'attention de tout le monde fut soudainement attirée par une masse de corps d'hommes monstrueux, qui déambulaient sur la plage comme une horde d'éléphants. C'était des lutteurs professionnels, qui faisaient partie de la suite des princes, qui les gardaient à leurs côtés pour leur amusement personnel ou pour divertir les foules. Ils devaient être environ vingt-cinq, et étaient d'une stature absolument gigantesque et d'un poids énorme. Leur costume était réduit à sa plus simple expression - une simple bande de tissu passée autour de la taille, rehaussée de franges et portant les armoiries des princes auxquels chacun appartenait – et il montrait leurs gigantesques mensurations boursouflées de graisse et de muscles.
Les princes - appelés daimyo, ou seigneurs provinciaux - qui accompagnent les lutteurs leur font alors déplacer les sacs de soixante kilos de riz à un endroit plus proche du navire en guise de première démonstration de la force des lutteurs. Les officiels japonais proposent alors au commodore et ses suivants de se retirer vers la maison du traité, où ils vont avoir l'occasion de voir les lutteurs exhiber leurs prouesses professionnelles.
Le commandant Mac Cauley du Powhatan décrit les combats ainsi dans son journal : "C'est une démonstration de puissance très frustrante, il y a bien eu une ou deux chutes, mais qui après tout auraient fait éclater de rire tous les lutteurs que j'ai connus jusqu'ici".
Le sumo, toutefois, est bien plus qu'un simple sport. C'est un rituel d'une dignité intemporelle et d'un formalisme classique. C'est un instantané du passé, de l'histoire du Japon. Les interactions fréquentes avec les croyances de la religion shinto et les pratiques des premiers siècles de l'ère chrétienne ont laissé leurs marques profondes et indélébiles dans ce sport.
Sommaire:
Quel est le salaire d'un sumo?
Qui est le plus gros sumo du monde?
Quelle est l'espérance de vie d'un sumotori?
Quel est le poids maximum d'un sumo?
Les femmes dans le sumo
Histoire, rites, traditions
Les débuts du sumo professionnel
Le sport national du Japon
Le Sumo aujourd'hui
Organisation et tournois
Quel est le salaire d'un sumo?
Rang | Salaire années 70 (¥) | Salaire années 70 (€) | Salaire 2024 (¥) | Salaire 2024 (€) |
Yokozuna | 373.000 | ~2.350€ | ¥2.820.000 | ~17.750€ |
Ozeki | 294.700 | ~1.855€ | ¥2.347.000 | ~14.775€ |
Sekiwake/Komusubi | 200.300 | ~1.260€ | ¥1.693.000 | ~10.660€ |
Maegashira | 137.600 | ~865€ | ¥1.309.000 | ~8.240€ |
Juryo | 114.500 | ~720€ | ¥1.036.000 | ~6.520€ |
Source: Japan Sumo Association (2024) et Inside Sport Japan
À ces salaires de base s'ajoutent:
- Des primes de victoire par combat
- Des bonus pour les championnats
- Des récompenses spéciales (technique, combativité, performance)
- Des revenus de sponsors pour les plus célèbres
- Des primes pour les kinboshi (victoires contre un yokozuna)
Les divisions inférieures (en dessous de juryo) ne reçoivent toujours que des primes par tournoi, comme dans les années 70.
Qui est le plus gros sumo du monde?
Dans les années 1940-50 Azumafuji pesait près de 190 kilos.
Le record est maintenant détenu par Orora 大露羅 avec 292,6 kg.
Yamamotoyama 山本山 est le lutteur de sumo japonais le plus lourd de tous les temps avec 277kg.
Quelle est l'espérance de vie d'un sumotori?
Selon une étude de 2009 publiée dans le Annals of Internal Medicine, l'espérance de vie moyenne des sumotori est de 60-65 ans, soit 20 ans de moins que la moyenne japonaise.
Quel est le poids maximum d'un sumo ?
Le poids maximum n'est pas réglementé. Seul un minimum de 77 kg est requis pour devenir apprenti.
Les femmes dans le sumo
Le sumo féminin, ou Onna-zumo, est apparu dans les maisons closes du quartier homosexuel d'Osaka durant l'ère Genroku. Dans les années 1760, des combats combinés entre aveugles et femmes font leur apparition. Un édit de 1873 interdit les combats entre aveugles et femmes, mais les combats entre femmes continuent. Vers le milieu de l'ère Meiji le sumo féminin est présenté à l'Eko-in, mais la représentation est immédiatement interdite. Les lutteuses se retirent dans la préfecture de Yamagata et continuent en province. Lors d'une exhibition en 1926 à Asakusa avec un participant masculin, le sumo féminin est définitivement banni à Tokyo.
Aujourd'hui, si le sumo féminin n'est pas considéré comme "authentique" par la plupart des Japonais et reste interdit en contexte professionnel, il existe au niveau amateur. La Fédération Internationale de Sumo autorise les compétitions féminines, notamment aux Championnats du Monde et d'Europe. Les règles sont identiques au sumo amateur masculin, à deux différences près: les lutteuses portent un justaucorps sous leur mawashi, et les combats durent trois minutes maximum au lieu de cinq.
Le premier championnat national amateur féminin s'est tenu en 1997. La discipline a fait l'objet de plusieurs œuvres culturelles, notamment des films, séries TV et mangas, témoignant d'un intérêt croissant pour cette pratique qui continue de défier les traditions. Hiyori Kon est une lutteuse de sumo amateur japonaise, connue pour plaider en faveur de l'égalité des droits des femmes en matière de compétition professionnelle au Japon. Elle a été incluse dans la liste de la BBC des 100 femmes inspirantes et influentes du monde entier pour 2019.
Histoire, rites et traditions
Le sumo, comme bien d'autres aspects de la culture japonaise, trouve les origines de ses traditions sur le continent asiatique. Les îles japonaises forment un arc au nord-est de celui-ci, et sont proches des terres à leurs extrémités nord et sud-ouest.
Aux origines, la lutte japonaise peut sans doute avoir intégré des éléments d'origine mongole ou coréenne. Les tombes de la région de T'ung-kou contiennent des fresques très animées, dont le "Tombeau des Lutteurs", daté du VIème siècle, dans laquelle des scènes de lutteurs combattant pour le plaisir de nobles invités peuvent être aperçues sur deux des murs. Les personnages ne sont vêtus que de ceintures de tissu.
Les influences chinoises sont mieux établies. Les archives sur la lutte en Chine remontent à la dynastie Chou (1030-221 av. J.C.). Jusqu'au Xème siècle, la lutte est communément connue sous le terme de chiao-ti ou chiao-li, calligraphiée à l'aide de caractères qui signifient force et cornes. Le chiao-ti se rapporte à l'origine à une variante brutale de confrontations rituelles tenues lors de fêtes rurales.
Les premières mentions écrites du sumo apparaissent dans le Kojiki (Livre des Usages Anciens, 712), qui relate le combat de lutte entre Takemikazuchi no Kami, une divinité, et Takeminakata no Kami, fils du gouverneur des Izumo. Le choix de la lutte comme moyen d'établir la suprématie de la race "divine" des Yamato confirme que dans le Japon antique la lutte est communément vue comme un moyen de déterminer la volonté des dieux.
Des traditions rituelles importantes subsistent encore aujourd'hui, comme le dohyo matsuri, ou cérémonie du cercle, qui prend place dans l'aire de combat au matin du jour précédant l'ouverture d'un tournoi. Trois arbitres revêtus de robes blanches entonnent le rituel séculaire censé consacrer le cercle de combat et en appeler à l'intervention des dieux afin que ceux-ci protègent les lutteurs des blessures au cours des combats à venir.
Le sumo, toutefois, a subi des mutations périodiques dans ses règles, costumes, et même dans son nom alors qu'il s'adaptait aux tempêtes des politiques et vicissitudes culturelles depuis les origines préhistoriques de divination shinto. La forme primale de lutte se nomme le chikara kurabe, ou test de force, alors qu'au début des temps féodaux, on l'appelle sumai, une technique martiale visant à faire venir un ennemi à terre pour le faire prisonnier ou le décapiter.
C'est la constante interaction entre des héritages sacrés et profanes – l'observance de rituels combinée au spectacle incroyable de géants de plus de cent cinquante kilos qui s'entrechoquent – qui fait de cette forme de lutte autochtone le sport national du Japon.
Origines & Influences asiatiques
Alors que les tribus Ainu, que l'on ne trouve aujourd'hui qu'en nombre réduit sur l'île septentrionale d'Hokkaido et l'île de Sakhaline, semblent être d'origine indo-européenne, les Japonais sont en fait une race mongoloïde mâtinée de sang de Chine méridionale et d'Indonésie.
La lutte japonaise a particulièrement été influencée par la Corée du VIème au VIIIème siècle, comme en attestent les fouilles de tombeaux à Takamatsukusa, dans la préfecture de Nara. Le "Tombeau des Lutteurs", daté du VIème siècle, montre des scènes où les lutteurs ne sont vêtus que de ceintures de tissu, utilisant des techniques de type mongol étonnamment semblables aux premières descriptions du sumo.
Les influences chinoises sont encore plus documentées. Sous la dynastie Sui (590-618), le chiao-ti est fixé en fonction du calendrier lunaire au quinzième jour du premier mois. Sous la dynastie T'ang (618-906), les empereurs tiennent de somptueux banquets avec du chiao-ti. Une chronique rapporte que "après divers spectacles et numéros, les officiers de la garde de gauche et de droite battent le tambour, et de solides hommes nus s'alignent et se lancent dans une épreuve de force pour décider du vainqueur".
Premières archives
Bien que le sumo tire quelques-unes de ses racines du continent asiatique, il n'a cependant jamais renié ses origines. Dans l'ancienne région de Yamato, les fouilles d'anciens tumuli ont permis de mettre au jour des haniwa (figurines d'argile) de lutteurs. La première mention écrite se trouve dans le Kojiki (712), relatant le combat entre Takemikazuchi no Kami et Takeminakata no Kami.
Le Nihongi (Chroniques du Japon, 720) mentionne également le premier vocable japonais pour la lutte, chikara kurabe. Une légende y décrit comment deux lutteurs champions, Nomi no Sukune d'Izumo et Taima no Kehaya de Yamato, sont convoqués à la cour des Yamato. Sukune brise alors les côtes et les reins de Kehaya d'une frappe violente, le tuant.
Traditions rurales et rituels
Le sumo pratiqué en tant que rituel religieux durant une festivité est connu sous le terme de shinji-zumo, ou sumo d'action de grâce. Les premières célébrations étaient presque toujours fixées en fonction du calendrier agricole et liées à la production de riz.
De nombreux rituels subsistent encore aujourd'hui. Au sanctuaire d'Hakui, des lutteurs s'affrontent entre "ceux du haut de la montagne" et "ceux du bas de la montagne", la région victorieuse étant censée s'assurer les meilleures récoltes.
Une autre tradition importante est le konaki-zumo, ou sumo des bébés pleureurs. Selon le proverbe "un enfant qui pleure sera bien portant", deux enfants sont présentés face à face, le premier qui se met à pleurer étant déclaré vainqueur.
Popularisation
Durant la période Heian (794-1185), la famille impériale et la noblesse de cour passent le plus clair de leur année dans des cérémonies et des rituels. Les combats sont présentés entre la "gauche" et la "droite". Les lutteurs engagés par le bureau de la gauche de la garde impériale deviennent les hidari-gata, tandis que ceux choisis par le bureau de droite deviennent les migi-gata.
Les lutteurs portent de larges bandes de tissu frontales appelées tosagi. De courtes épées sont fichées sur les côtés de leurs pagnes. Pour distinguer les lutteurs, ceux de la gauche portent des roses de papier dans leurs cheveux, tandis que ceux de droite portent des fleurs de calebasse.
La splendeur et la fréquence des tournois-banquets de lutte commencent à décliner à partir de la fin du Xème siècle, avec la chute du pouvoir de la cour impériale. Les tournois-banquets disparaissent entre 1120 et 1156, date à laquelle ils sont temporairement remis en usage par l'empereur Goshirakawa. Des tournois ont lieu en 1174 puis finalement en 1185, mais à ce moment les tournois ont perdu presque tout leur prestige.
Les débuts du sumo professionnel
En 1615, Ieyasu, qui s'est vu conférer l'ancien titre de shogun par la cour de Kyoto en 1603, établit un système de strict contrôle sur les daimyo et leurs domaines privés. Toyotomi Hideyoshi avait décrété un gel des statuts sociaux en 1590, interdisant toute mobilité entre les classes et bannissant le port d'arme par les paysans. Ieyasu proroge ces prescriptions, et les samurai sont alors considérés comme étant d'un statut bien plus élevé que celui des citoyens.
L'Edo du début du XVIIème siècle est une ville sans pitié. Les samurai de la suite des seigneurs, les ronin sans emploi, et les bandits de la classe paysanne se pavanent côte à côte dans les rues de la cité. Le désordre public qui découle des spectacles de lutte devient suffisamment sérieux pour contraindre les autorités d'Edo à prendre des mesures. En 1648, le magistrat de la ville promulgue les interdits suivants :
- Le sumo de rue est interdit
- Le sumo de charité ne sera plus organisé
- Les lutteurs qui sont invités à se produire dans les résidences de leurs supérieurs ne revêtiront plus des pagnes de soie, mais uniquement de coton
Durant plus de vingt années le sumo est en pleine stagnation. Pour se défendre, les lutteurs professionnels et les samurai sans maîtres commencent à s'unir en coalitions informelles. Finalement, en 1684, le samurai sans maître Ikazuchi Gondaiyu reçoit la permission de tenir un tournoi de sumo de charité de huit jours, dans l'enceinte du sanctuaire de Fukagawa.
La reconnaissance officielle arrive quand les organisateurs (kanjin moto) des tournois de charité sont contraints d'obtenir les documents d'autorisation adéquats de la part du responsable des sanctuaires. Des placards portant la mention gomen o komuru (permission accordée) sont montés à l'entrée des aires de combat.
C'est à Osaka et Kyoto, et non à Edo, que la popularisation du sumo de charité commence à porter ses fruits. Les archives de grands tournois à Kyoto à la fin du XVIème siècle attestent de son développement précoce dans cette cité. La hiérarchie des rangs d'ozeki, sekiwake et komusubi est établie, et le banzuke (programme) listant les noms et rangs des lutteurs est conçu.
Les lutteurs de premier plan commencent à être soutenus par de riches organisations au milieu de l'ère Meiji. Deux des pionnières sont le Hinoshita Kai (Club des Champions) et le Banzai Club (Club des Dix Mille Ans).
Une codification importante intervient en 1789 quand Yoshida Oikaze soumet au responsable des sanctuaires d'Edo un certain nombre de documents authentifiant à la fois sa propre autorité sur le monde du sumo et l'historicité supposée de quelques-unes des traditions du sumo. Il obtient notamment le pouvoir de délivrer ce qu'il appelle le yokozuna menkyo, ou licence de yokozuna.
Le déclin de l'ère Edo voit les dernières années du gouvernement des Tokugawa, de 1853 à sa chute en 1868, connues sous le nom de bakumatsu. Le sumo partage les incertitudes de cette fin de l'ère Edo et se déroule en sourdine. L'un des exploits majeurs est alors la participation d'un groupe de lutteurs de miya-zumo (sumo de sanctuaire shinto) dans la prise décisive de Shimonoseki durant la guerre civile de Choshu en 1865.
Les débuts de la période Edo
À la fin du XVIème siècle, Hideyoshi avait mis en place un système d'otages, imposant aux femmes et enfants des daimyo de résider de façon permanente dans sa capitale. En 1635, Ieyasu rend ce système obligatoire. Les seigneurs y font bâtir de vastes résidences et transfèrent leurs vassaux à Edo, où une plèbe de marchands et serviteurs se créée pour se mettre à leur service.
Les premières années du pouvoir des Tokugawa sont marquées par le nombre important de samurai ayant perdu leurs seigneurs. Ces ronin se voient interdire de par la loi de rejoindre les rangs des classes inférieures. Le sumo demeure l'une des rares possibilités légales d'activité de cette période.
En 1648, suite aux désordres publics, le magistrat de la ville interdit le sumo de rue et le sumo de charité. Toutefois, même dans les mois suivant ces interdits, les autorités d'Edo autorisent finalement un spectacle de six jours de sumo de charité pour les cérémonies d'ouverture du temple de Sanjusangendo.
La reconnaissance officielle
En 1684, après de nombreuses années d'interdiction, Ikazuchi Gondaiyu obtient la permission d'organiser des tournois de sumo de charité. Sa requête inclut des innovations importantes comme la définition d'un périmètre de lutte délimité par des balles de terre.
Le cercle (dohyo) lui-même date de la fin des années 1660. La première illustration d'un dohyo apparaît dans un dessin effectué entre 1673 et 1681. Le terme "dohyo" est employé pour désigner la sumoba (la zone de combat) dès la fin du XVIIème siècle. Il est fait d'argile tassée et enserrée dans des bottes de paille de riz.
Codification
En 1789, Yoshida Oikaze entreprend une manœuvre audacieuse en soumettant des documents authentifiant son autorité sur le monde du sumo. Dans sa biographie, il prétend descendre d'un guerrier nommé Yoshida Ietsuru.
Il obtient le pouvoir de délivrer la licence de yokozuna, et en 1789 il confère ce titre aux champions Tanikaze Kajinosuke et Onogawa Kisaburo. Dix jours plus tard, Tanikaze exécute le premier yokozuna dohyo-iri dans l'enceinte du sanctuaire de Fukagawa Hachiman.
En 1791, un tournoi est donné dans les jardins Fukiage de la citadelle d'Edo. Pour cette occasion, les Anciens du sumo d'Edo rédigent un ensemble complet de règles et rituels. Le dohyo lui-même est redessiné avec une symbolique complexe mêlant shintoïsme, bouddhisme et confucianisme.
Le déclin de l'ère Edo
Les dernières années du gouvernement des Tokugawa (1853-1868), connues comme le bakumatsu, voient une rapide dégradation de l'autorité du gouvernement central d'Edo, s'achevant par la guerre civile accompagnant la restauration du pouvoir impérial.
Un événement marquant est la participation des lutteurs dans la guerre civile de Choshu en 1865. Le domaine féodal de Choshu avait formé une milice incluant une troupe de lutteurs appelés les Rikishi Tai (Lutteurs-Soldats). Ces lutteurs participent à la prise de Shimonoseki, utilisant leur force pour soulever des poutres de chêne plutôt que de manier des sabres qu'ils ne maîtrisent pas.
Bien qu'il ait souffert sous les événements menant à la chute du régime des Tokugawa, le sumo est au XIXème siècle devenu l'un des passe-temps favoris dans le Japon tout entier. Les lutteurs sont des idoles nationales, et le gouvernement reconnaît la grande importance de ce sport. Mais c'est avec l'entrée du Japon dans l'ère moderne que le sumo va finalement être reconnu comme le sport national du pays.
Je vais commencer par les trois premières sections. En raison de la longueur, je propose de diviser la réponse en plusieurs parties.
Le Sport National du Japon
En 1869, alors que le Japon entame sa modernisation, l'empereur Meiji reconnaît officiellement l'importance du sumo en choisissant les lutteurs pour porter les bannières impériales lors de son voyage historique vers la nouvelle capitale Tokyo. Cependant, les rénovations politiques de la Restauration Meiji mettent à mal le sumo traditionnel. L'abolition des domaines féodaux et la saisie des registres fonciers par l'empereur en 1869 balaient d'un coup l'autorité et les revenus héréditaires des daimyo, privant les lutteurs de leurs principaux mécènes. La vague de modernisation occidentale menace même l'existence du sport, considéré comme "barbare" et "indigne" de la nouvelle ère. Fort heureusement, des groupes puissants dans les plus hauts cercles du pouvoir gouvernemental soutiennent la conservation des traditions culturelles propres au pays. C'est à travers diverses réformes, l'émergence de grands champions et la création d'une organisation nationale que le sumo va non seulement survivre mais s'imposer comme le véritable sport national du Japon.
La crise de l'ère Meiji
Au cours des premières années chaotiques de l'ère Meiji, Edo – proclamée capitale et rebaptisée Tokyo en 1868 – a des soucis bien plus pressants à traiter que le sumo. Cependant, en mars 1869, lorsque l'empereur Meiji effectue son voyage historique vers la nouvelle résidence impériale, les lutteurs sont choisis pour marcher en tête de la procession et porter les bannières impériales.
La fin brutale de l'influence des daimyo est un choc pour le monde du sumo, qui commence à souffrir de la censure publique. A mesure que les idées occidentales apparaissent et sont adoptées presque sans réserve, des vagues de "civilisation" et de "Lumières" déferlent sur le Japon. Dans les cercles de l'élite, les costumes traditionnels se voient préférer la dernière mode londonienne.
Des projets réclamant l'abolition du sumo font leur apparition dans les journaux, et des phrases telles que "le sumo barbare doit être interdit" et "la nudité du sumo met dans l'embarras" semblent faire l'unanimité.
Réforme et Résurrection
Un lutteur impétueux du nom de Takamiyama vient à l'avant de la scène pour réclamer d'urgence une réforme dans le traitement corrompu des finances de l'association de sumo. En 1870, suite à divers incidents, il change son nom en Takasago Uragoro.
En 1873, Takasago et presque quarante autres lutteurs ressuscitent l'ancien mouvement réformiste. Exclus de l'association de sumo de Tokyo, ces bannis forment leur propre groupe et se produisent dans les villes de l'ouest du Japon. En 1876, ils reviennent à Tokyo et établissent leurs quartiers généraux à Kanda.
Suite à ces réformes, le directeur de l'association et son adjoint, en compagnie de deux ozeki, examinent les résultats des combats pour déterminer les augmentations et baisses de salaire. Les directeurs seront désormais choisis par élections.
Les champions de la fin du XIXème siècle
Umegatani Toutaro I, né en 1845, devient une légende vivante. Il est promu au rang de yokozuna en 1884 par les familles Gojo et Yoshida. Début 1885, il est battu lors de deux journées consécutives et décide de se retirer.
Odate Hane-emon fait partie des lutteurs les plus puissants de ce début de l'ère Meiji. Il bat notamment Umegatani en 1884. Bien que ses performances soient excellentes, il n'est promu ozeki qu'à 42 ans.
Nishinoumi Kajiro I, né dans la préfecture de Kagoshima, devient yokozuna en 1890. Pour la première fois, le mot "yokozuna" est ajouté à côté de son nom sur le banzuke officiel.
Un stade national
En 1909, le premier Kokugikan, le stade national de sumo, est construit dans le quartier Ryogoku de Tokyo, adossé à l'enceinte du temple d'Eko-in. Le stade est conçu par Tatsuno Kingo, qui est également l'auteur des plans de la gare de Tokyo. Cette année là, l'association affine également ses règles, imposant que désormais les lutteurs de makuuchi combattront dix jours au lieu de neuf. Le costume de l'arbitre, qui était précédemment le costume de cérémonie traditionnel des samurai, est abandonné au profit du kimono usuel du guerrier et d'un chapeau noir en usage à la cour.
L'Association Nationale de Sumo
Suite à des discussions entamées depuis le début des années 1920, la fusion des associations de sumo de Tokyo et Osaka est finalement réalisée en 1925. Pour réunir les différents classements, des tournois de qualification sont organisés en novembre 1925 et mars et octobre de l'année suivante. Avec cette réunion, la Dai Nihon Ozumo Kyokai (Association pan-japonaise de sumo) est créée. Elle est formellement enregistrée comme association à but non lucratif en 1927 et se place sous la tutelle du Ministère de l'Education.
Les lutteurs de la nouvelle ère
Les années qui suivent voient l'émergence de grands champions comme Hitachiyama Taniemon, né en 1874, qui devient le 22ème yokozuna en 1911. Il remporte onze tournois, dont cinq sans concéder de défaite, et remporte en une occasion 54 combats consécutifs.
Onishiki Uichiro devient yokozuna en 1917, suivi par Moriya Tochigiyama. Onishiki, connu comme le "fondateur du sumo moderne", était remarquablement cultivé pour un lutteur. Il décroche le rang d'ozeki dans un temps record.
Les Ambassadeurs Nus
Dans les années 60, alors que le Japon redevient une puissance économique majeure, le sumo joue un rôle diplomatique important. Au cours de l'été 1965, des lutteurs menés par Taiho, Sadanoyama et Kashiwado effectuent une tournée en URSS à l'invitation des autorités soviétiques. Encensés des deux côtés du rideau de fer comme les "ambassadeurs nus", les lutteurs sont reçus avec un grand enthousiasme au Cirque National de Moscou. Huit ans plus tard, en 1973, un groupe similaire voyage jusqu'à Pékin et Shanghai pour célébrer l'ouverture des relations diplomatiques sino-japonaises.
Le monde du sumo dans les années 70
Les années 70 voient l'émergence de nouvelles stars comme Wajima Hiroshi, premier yokozuna diplômé d'université, et Kitanoumi Toshimitsu. Kitanoumi bat le record de Taiho en devenant le plus jeune lutteur à arriver en makuuchi et à être promu yokozuna à l'âge de 21 ans et deux mois. La popularité du sumo atteint des sommets, avec l'introduction des retransmissions télévisées en direct et l'expansion des tournois à six par an.
Le chaos d'après-guerre
En novembre 1945, la Kyokai reçoit l'autorisation des forces d'occupation de tenir un tournoi de dix jours dans les décombres du Kokugikan. Le diamètre du dohyo est temporairement étendu à seize pieds, mais revient rapidement à ses dimensions traditionnelles de quinze pieds. Le Kokugikan est réquisitionné par les forces d'occupation et rebaptisé Memorial Hall, partiellement transformé en patinoire pour les soldats américains. Les tournois se tiennent alors dans des installations temporaires jusqu'à la construction du nouveau Kokugikan dans les années 50.
Ces années difficiles voient néanmoins l'émergence de grands champions comme Maedayama Eigoro, premier yokozuna de l'après-guerre, et Azumafuji Kin'ichi, seul yokozuna natif de Tokyo. Le sumo survit à cette période troublée et retrouve progressivement sa place centrale dans la culture japonaise.
Le Sumo aujourd'hui
Alors que le Japon entre dans les années 80, la phénoménale popularité du sumo ne montre aucun signe d'essoufflement. L'intérêt pour ce sport féodal continue de s'accroître à un rythme inverse de celui auquel les autres vestiges de la culture ancestrale du Japon disparaissent derrière les façades de verre et de béton de sa croissance économique. Le monde du sumo, avec les autres spectacles que sont le kabuki, le bunraku et le nô, est considéré comme l'un des derniers bastions des us et coutumes féodaux de la période Edo.
Lutteurs et heya
Le kilomètre carré situé au sud de la gare de Ryogoku à Tokyo est connu comme le quartier du sumo depuis le milieu de la période Edo. Plus de la moitié des trente heya de sumo, dont certaines furent fondées il y a deux cents ans, sont dispersées dans ce quartier. La vie au sein des heya repose sur les traditions d'absolue obéissance et de respect envers les supérieurs, développées et entretenues au cours des siècles.
Les rangs des lutteurs
Le système utilisé pour classer les quelques 600 lutteurs professionnels forme une hiérarchie pyramidale. Au sommet se trouve la division makuuchi, comprenant les yokozuna, ozeki, sekiwake, komusubi, et maegashira pour un total de 36 lutteurs. En dessous viennent les juryo (26 lutteurs), puis les divisions makushita (130 lutteurs), sandanme (180), jonidan (240) et jonokuchi (36). Les différences de statut entre ces rangs sont énormes et déterminent le traitement, le salaire et les privilèges de chaque lutteur.
Entraînement dans les heya
Quand un lutteur n'est pas en tournée ou engagé dans un tournoi, l'entraînement quotidien ne varie que très peu. Les apprentis se lèvent à cinq heures du matin pour s'échauffer dans la keikoba. Les exercices incluent le shiko (lever de jambes), le matawari (grand écart), et le teppo (frappe contre un pilier). Les combats d'entraînement comprennent des moshiai (élimination) et des samban-geiko (séries contre un même adversaire). L'entraînement s'achève vers 11h30 avec le butsukari-geiko, exercice d'opposition épuisant.
Anciens et direction d'une heya
Les oyakata, ou maîtres, sont d'anciens lutteurs qui dirigent les heya. Pour devenir Ancien, un lutteur doit avoir participé à au moins un tournoi dans les rangs makuuchi ou avoir combattu au moins 25 tournois dont vingt en juryo. Il doit également acquérir une part d'Ancien (toshiyori kabu) très coûteuse. Les Anciens constituent 105 des membres de l'Association Japonaise de Sumo et supervisent tous les aspects du sport professionnel.
D'apprenti à yokozuna
Le parcours d'un lutteur commence par l'examen d'entrée où il doit satisfaire des critères minimum de taille (1,70m) et de poids (77kg). Il débute en maezumo puis doit gagner des "étoiles blanches" pour monter en jonokuchi. La progression dans les rangs dépend ensuite uniquement des résultats en tournoi. Pour devenir yokozuna, plus haut rang possible, un lutteur doit remporter deux tournois successifs comme ozeki et faire preuve d'un caractère exemplaire.
Salaires
Un système de salaires mensuels existe depuis 1957, mais seuls les sekitori (juryo et makuuchi) en bénéficient. Les lutteurs des divisions inférieures ne reçoivent que des gratifications par tournoi. À la fin des années 70, un yokozuna gagne environ ¥373.000 par mois, un ozeki ¥294.700, un komusubi ou sekiwake ¥200.300, un maegashira ¥137.600 et un juryo ¥114.500, plus diverses primes additionnelles.
Noms de lutteurs
Les shikona (noms de lutteurs) suivent une longue tradition remontant à l'époque féodale. Les premiers apparaissent quand des samurai sans maîtres adoptent des pseudonymes pour préserver leur réputation. Les noms peuvent être inspirés de lieux de naissance, de phénomènes naturels, d'animaux ou reprendre une partie du nom du maître. Certaines heya possèdent des noms particuliers réservés aux champions, comme Kashiwado pour l'Isenoumi-beya.
Organisation et tournois
L'Association Japonaise de Sumo (Nihon Sumo Kyokai) organise six grands tournois annuels, ou basho, chacun durant quinze jours. Trois se déroulent à Tokyo (janvier, mai et septembre) dans le Kokugikan de Kuramae, les autres à Osaka (mars), Nagoya (juillet) et Fukuoka (novembre). Le déroulement quotidien est minutieusement réglé, commençant à l'aube avec les combats des divisions inférieures pour culminer en fin d'après-midi avec ceux des champions.
Les combats sont organisés par un comité qui publie le programme la veille. Les lutteurs sont divisés entre Est et Ouest, une tradition remontant à la période Edo, bien que cette division ne soit plus qu'administrative depuis 1947. Le vainqueur d'un tournoi (yusho) reçoit la coupe de l'Empereur et de nombreux trophées. Des prix spéciaux récompensent également la technique (gino-sho), la combativité (kanto-sho) et la performance (shukun-sho) pour les lutteurs en dessous du rang d'ozeki.
Un système complexe de promotion et rétrogradation (banzuke) est appliqué après chaque tournoi. Un lutteur doit généralement remporter plus de la moitié de ses combats (kachi-koshi) pour espérer monter en grade, tandis qu'un score négatif (make-koshi) peut entraîner une rétrogradation. Les décisions sont prises par un comité d'Anciens qui évalue les performances de chaque lutteur.
Les tournois sont aussi l'occasion d'importantes cérémonies, comme le dohyo-matsuri (consécration du cercle) la veille du premier jour, et le yumitori-shiki (cérémonie de l'arc) qui clôture chaque journée. Ces rituels, hérités de la période Edo, soulignent le caractère sacré du sumo et son lien profond avec la religion shinto.
Kokugikan
Les tournois donnés à Tokyo se déroulent dans le Kokugikan, le stade national de sumo du quartier de Kuramae. Devant l'entrée principale, on trouve une vingtaine de petites échoppes de restauration alignées des deux côtés d'un long corridor couvert. Ces maisons de thé se voient attribuer des travées entières des meilleurs sièges du hall, qu'elles revendent à des clients habituels. Les tickets pour les boxes, connus sous le nom de sajiki ou masseki, sont quasiment impossibles à obtenir sans les bonnes relations. Le prix d'un siège dans l'un de ces boxes de quatre personnes est d'environ ¥ 10.000, incluant rafraîchissements et souvenirs. Les serveurs, appelés dekata, dont beaucoup sont des fermiers des environs de Tokyo, se pressent dans les couloirs pendant les combats, guidant leurs clients vers leurs sièges.
Le dohyo
En plein centre du hall se trouve le dohyo, un amas d'argile de soixante centimètres de haut pour six mètres de côté, si compacté qu'en construire un nouveau requiert sept semi-remorques de terre. La surface est recouverte d'une légère couche de sable, symbole de pureté dans les rituels shinto qui aide aussi à la décision quand une empreinte permet de déterminer si un lutteur est sorti du cercle. Des balles oblongues de paille de riz remplies de terre délimitent un cercle intérieur d'environ quatre mètres cinquante de diamètre. Une balle est placée légèrement vers l'extérieur à chacun des points cardinaux pour le drainage historique des eaux de pluie. Au-dessus du dohyo est suspendu un toit de style shinto, dont les quatre coins sont ornés d'énormes pompons de soie représentant les saisons : bleu pour le printemps, rouge pour l'été, blanc pour l'automne et noir pour l'hiver.
Les arbitres
Diriger et arbitrer un combat est la tâche du gyoji, qui préside également aux cérémonies et rituels. Les gyoji portent des kimono de soie épaisse d'un type employé par les samurai et un chapeau noir de la cour impériale. Ils sont classés par ancienneté et compétence, le plus haut rang étant celui de tate gyoji, seul habilité à diriger les combats de yokozuna. Chaque gyoji porte un éventail de guerre dont la couleur du pompon indique son rang : violet pour les plus gradés, rouge pour ceux arbitrant les sanyaku, bleu et blanc pour les juryo, noir et bleu pour les divisions inférieures. Ils appartiennent tous aux lignées Kimura ou Shikimori, reconnaissables à leur façon de tenir l'éventail lors des annonces.
Habits (vêtements)
Sur le dohyo, les lutteurs ne portent qu'une épaisse bande de soie colorée (coton pour les divisions inférieures) appelée mawashi. Mesurant environ 90 centimètres de large et jusqu'à douze mètres de longueur, elle est pliée six fois dans le sens de la largeur, enveloppe la taille et est nouée dans le dos. Enfoncée dans le bas, on trouve une ceinture portant les sagari, généralement 19 bandelettes de soie amidonnée (toujours en nombre impair car elles rappellent les cordes sacrées des sanctuaires shinto). Le mawashi est la clé de la plupart des 70 techniques officielles permettant de vaincre l'adversaire.
Cérémonies d'entrée sur le dohyo
Juste avant les combats des sekitori, les lutteurs effectuent le dohyo-iri, la cérémonie d'entrée. Portant des tabliers richement brodés offerts par leurs mécènes, ils montent sur le dohyo précédés d'un arbitre. Après leur présentation au micro, ils forment un cercle face au public. Au signal, ils se retournent, frappent dans leurs mains (rituel de purification), lèvent les bras et leur tablier, puis se retirent. Les yokozuna effectuent ensuite leur propre cérémonie, le dezu-iri, portant une imposante corde blanche nouée autour de la taille, accompagnés d'un tsuyu-harai (héraut) et d'un tachi-mochi (porteur de sabre).
Les combats de makuuchi
Les combats commencent par l'annonce des lutteurs par le yobidashi. S'ensuivent des rituels de purification avec l'eau (chikara-mizu) et le sel. Les lutteurs s'accroupissent pour le shikiri, position d'attente limitée à 4 minutes pour les makuuchi. La charge initiale (tachiai) est explosive, et les combats sont généralement brefs mais intenses. Les juges, d'anciens champions assis aux quatre coins du dohyo, peuvent contester les décisions de l'arbitre lors d'un mono-ii (délibération). Le vainqueur reçoit ses récompenses sur l'éventail de l'arbitre et reste pour offrir l'eau au prochain combattant.
Emploi du temps
L'année comprend six grands tournois : janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre. Entre ces tournois, les lutteurs participent à des tournées provinciales (jungyo) organisées par la Kyokai. Ces tournées sont particulièrement éprouvantes pour les apprentis qui doivent monter et démonter les installations, porter les bagages et servir les sekitori. Les lutteurs ne disposent que d'une semaine de repos après chaque tournoi, suivie souvent de combats de bienfaisance (hana-zumo) ou de cérémonies de retraite (intai-zumo).
Heya
Les trente heya varient en taille et prestige. Les plus importantes, comme la Dewanoumi-beya fondée au XVIIIe siècle, ont produit de nombreux champions et attirent naturellement plus de mécènes et de recrues prometteuses. Chaque heya maintient des liens étroits avec d'autres, formant des "familles" qui influencent notamment l'organisation des combats pour éviter les affrontements entre lutteurs de heya apparentées.
La liste des yokozuna
Le rang de yokozuna est demeuré une simple appellation honorifique jusqu'en 1909. La première liste officielle fut établie par l'ancien yokozuna Jinmaku Kyugoro en 1895, qui dut faire face à de nombreuses controverses concernant les premiers yokozuna historiques. La liste commence traditionnellement avec Akashi Shiganosuke, bien que le premier yokozuna officiellement reconnu soit Tanikaze en 1789. Les numéros sont attribués chronologiquement, et en cas de promotion simultanée de deux yokozuna, l'ordre est déterminé par la date de leur retraite.
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